Terres promises

Novembre 2010
« Terres promises » 
 Récital de poésie à la galerie d’art Benyaa
Par Samia KHORSI

Fadéla Chaïm-Allami

« La mémoire en mots » est l’intitulé du récital de poésie de Fadéla Chaïm-Allami auquel nous a conviés Farid Benyaa, organisateur de l’événement dans son espace d’art.

Il y a chez Fadéla Chaïm-Allami comme un cri réprimé : le son refuse de sortir d’une poitrine oppressée où le coeur palpite pourtant de mille vies rêvées. Mais sans doute pas vécues… Comme un oiseau qui refuse de sortir d’une cage à la porte grande ouverte, redoutant les rumeurs de la ville mais qui entonne un chant mélodieux à ravir, la poésie de Mme Chaïm-Allami est un monologue murmuré au coin d’un patio où le soleil se fait avare même s’il n’est guère loin du puits de lumière qui jaillit du ciel.

La ville pour elle est agression, la rue, ses trottoirs, ses bruits. Alger est sa douleur, dans ses venelles tortueuses, sales et inhospitalières. Elle est une nostalgie, un regret, voire une incompréhension. Une promesse non tenue. Une trahison. Oui, l’accusation/ accablement va crescendo dans une parole pourtant retenue et il est alors surprenant que dans ce foisonnement de reproches,


au détour d’un vers, elle confie alors vers l’assistance ces quelques mots sur « la lettre de rupture d’un amoureux que », n’est-ce pas, nous sommes censés « avoir tous écrit un jour ? ». C’est alors que s’éclaircit la problématique et se révèle le malentendu : le dépit amoureux infligé par La Ville Blanche, est un mal d’amour qui chez Fadéla Chaïm-Allami, prend corps dans une cité décevante. Le salut est alors dans la terrasse, lumineuse, aérienne, fleurie, et elle s’y accroche de toutes ses forces.

…devant un public attentif

Et puis le cri sort, ardent, énergique, passionné, solaire. Yvan Tételbom entre en scène, articule ses mots à l’arrachée et miracle, la parole de Fadéla s’en trouve libérée. Son pôle géographique à lui est Port-Gueydon, Azzefoune qu’il retrouve 48 ans après l’avoir quitté adolescent. Il personnifie pour lui la nostalgie qu’il a réussi à vaincre et à abandonner sur les rivages d’une mer nourrissante : c’est son bain de jouvence. Son innocence retrouvée. La nostalgie peut être une espérance comme elle peut se révéler toxine. Il en résulte que quan l’une perd ses repères et s’éparpille, l’autre les retrouve de nouveau : la ville-refuge de l’enfance qui devient la ville-traîtresse dans un second temps acquiert des vertus rédemptrices pour Yvan. A chacun sa terre promise…

Nourredine Choukas

Fadéla est en attente d’une formule à la chimie plus complexe. Peut-être rêve-t-elle d’une fusion? Ce jeu contrasté entre la poétesse Fadéla Chaïm-Allami et le poète et comédien Yvan Tételbom a été rehaussé par l’intervention du musicien Nourredine Choukas qui soulignait de sa guitare les moments forts des interventions poétiques et rythmait leur souffle. Le récital réalisé à la galerie d’art Benyaa le 16 octobre dernier a été un agréable moment de dialogue entre deux interprétations poétiques complémentaires.

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