Janvier 2016
Extrait du livre d’art « Algériennes, source du futur »
rédigé par Yamilé Ghebalou
Suggérer le trait que soutient la puissance du regard, l’encre se déploie, vive et profonde, dans les portraits de Farid Benyaa…
Sous la finesse douce et épurée, toute féminine, de son ouvrage, l’adepte peut déceler le travail tendu, la transformation concentrée qui agit, silencieusement, mais avec bonheur pour mêler délibérément deux énergies, deux ancrages, deux visions antagonistes et complémentaires que l’espace, le travail, l’expression mettent en résonance, en écho, en diffraction…
Farid Benyaa s’a(e)ncre dans la Tradition de plume, de calame et d’austérité ; il la visite, a l’air de s’accommoder de son apparence lisse de féminité apprêtée, de figurine vite reconnue et inventoriée
Il s’acharne pourtant à la stylisation, active les contrastes et déploie les déclinaisons de ces derniers Noir, blanc, trait fin qui porte pourtant la souffrance ardente de la main qui cherche le lien, la rencontre, et l’altérité pourtant…Et s’il achève de donner la forme élégante, élancée que la femme porte dans ses tableaux, il n’en fixe que plus le trouble à la fois vertigineux et révélateur du visage…
La tendre et mortelle obsession de ce visage chez Farid Benya ouvre l’impossible dialogue des extrêmes et des fusions. Sans cesse remis à l’ouvrage, convoqué, dessiné, éclairé de multiples passions, il triomphe dans la claire impartialité de sa différence, de sa redondance, de son mystère….Comme s’il voulait, bien au-delà du corps, inscrire le dépaysement pur du regard d’amour…
