Récital poétique

 13 Avril 2015
La Nouvelle République
« Récital poétique à la galerie d’art Benyaa »
Écrit par Réda Boufellah

ALGER – Il était bien difficile de se trouver une place à la galerie d’art Benyaa, située dans le quartier les Sources, à Alger, transformée en salon de lecture poétique.

Lieu où plus d’une cinquantaine de personnes ont insisté pour être présentes aux côtés de poètes prestigieux comme la Française Liliane Giraudon, l’Algérienne Habiba Djahnine ou la Syrienne Maram Al-Masri pour célébrer le Printemps des poètes. Les amoureux des poèmes, comme Yamilé Ghebalou et Fodil Benséfia, ont écouté Liliane Giraudon lire avec passion « Pouchkine », un extrait de son livre Les pénétrables. Mais qui mieux que Liliane Giraudon peut lire du Liliane Giraudon ? Personne en effet, car sa lecture, assez particulière, vous emporte pour vous emmener dans son propre monde. Née à Marseille, cette poétesse possède une bibliographie assez impressionnante, entre recueils de poèmes et livres d’artistes en passant par la participation au lancement de nombreuses revues. Liliane Giraudon intervient très souvent dans de nombreuses rencontres et lectures poétiques publiques et en milieu universitaire et scolaire. Habiba Djahnine que le public algérien connaît bien, était là aussi pour déclamer au public des extraits de « Fragments de la maison », un recueil de poèmes qui parle d’une paix retrouvée après la décennie noire, d’un corps qui se reconstitue, d’un monde qui se reconstruit. Habiba Djahnine dans un de ses poèmes rend aussi hommage à un poète vivant en ermite dans le Grand sud, dans la région de Timimoun, un homme qui l’a apparemment beaucoup marquée lors de son passage dans cette région. Cette rencontre a eu aussi son moment de « grande émotion ».

En effet, la syrienne Maram Al Masri a lu des extraits de son recueil « Elle va nue la liberté », des poèmes où il était question de la guerre en Syrie, mais aussi de la souffrance d’un peuple meurtri dans sa chair. Née à Lattaquié, en Syrie, Maram Al-Masri a suivi des études de littérature anglaise à Damas. Elle quitte son pays pour s’installer à Paris où elle a traversé des moments difficiles. Loin de sa Syrie natale, Maram Al Masri souffrait de ne pas fouler de son pied cette terre si chère à son cœur, de ne pas sentir ce souffle de vent si léger soulever ses cheveux, de ne pas voir ce ciel si bleu et ce soleil si radieux, de ne pas entendre ces rires d’enfants. . La première fois que j’ai vu et entendu Maram Al Masri, c’était vendredi matin lorsqu’elle était l’invitée de Mahrez Rabia sur le plateau de « Bonjour d’Algérie » de Canal Algérie.

Je l’ai écoutée parler de sa tristesse, de sa peine, de la souffrance de ce peuple syrien, de ces femmes et enfants qui n’aspiraient qu’à vivre, rien de plus… Je l’ai entendue parler de son peuple en puisant ses mots au fond de ses entrailles, et j’ai vu une larme apparaître au coin de son œil mais cette larme, par fierté peut-être, Maram Al Masri ne l’a pas essuyée. Lorsque je l’ai revue à la galerie Benyaa en cet après-midi du samedi 11 avril 2015, je ne pouvais pas savoir que cette femme si meurtrie, si fragile et tellement remplie de tristesse allait me faire verser une larme en l’écoutant parler de sa Syrie, en l’écoutant lire ses poèmes.

Extrait : « L’avez-vous vu ? » Il portait son enfant dans ses bras Et il avançait d’un pas magistral La tête haute, le dos droit… Comme l’enfant aurait été heureux et fier d’être ainsi porté dans les bras de son père… Si seulement il avait été vivant ». Il n’était pas commode de garder cachée son émotion, il n’était pas aisé de retenir la petite larme à la fin de ce poème…

Pour Farid Benyaa, il n’était pas aussi facile d’enchaîner sur la suite du programme en annonçant les jeunes nouveaux venus lire leurs poèmes, Farid avait la gorge nouée lui aussi, comme tous ceux qui étaient dans la salle. Il faut surtout rappeler que ces instants de poésie ont été accompagnés musicalement par le jeune Mounir, un véritable virtuose du violon électronique qui interpréta des morceaux de circonstance. Notons aussi que cette rencontre poétique à la galerie d’art Benyaa a été organisée en collaboration avec l’Institut français d’Alger dans le cadre de l’édition 2015 du Printemps des poètes.

Réda Boufellah

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