Lucienne Brousse

27 Mai 2012
Algérie Presse Service
« Le tatouage traditionnel décortiqué à la galerie Benyaa »

ALGER – La signification des divers motifs du tatouage traditionnel, „Lewcham“, a été revisité samedi à Alger par la linguiste française établie en Algérie depuis plus de 50 ans, Lucienne Brousse, lors d’une rencontre organisée à la galerie d’art Benyaa.

„Le tatouage traditionnel représente aujourd’hui un art du corps et un patrimoine très riche. C’est une expérience féminine à ne pas négliger“, c’est par ces propos que l’oratrice a entamé sa conférence intitulée „Beauté et identité féminine, Lewcham“, en se félicitant de voir ces symboles millénaires occuper une place dans les arts plastiques.

Tout en précisant qu’elle n’était ni anthropologue ni ethnologue, Mme Brousse a voulu à travers cette rencontre dévoiler un travail „important“ sur les tatouages des femmes dans le sud algérien, à Biskra et Touggourt précisément, mené durant les années soixante par sa compatriote Eliane Occre, alors infirmière.

Cette dernière avait fait entre 1953 et 1965 une présentation des différents motifs qu’elle avait relevés sur les visages, bras, mains et chevilles des femmes de la région, puis reproduits comme sous microscope sur du papier afin de tenter d’expliquer la signification de ces symboles dont certains figurent même sur les peintures rupestres

Lucienne Brousse

Mme Brousse a fait une présentation détaillée en s’arrêtant à chaque motif pour expliquer sa symbolique. „La femme berbère se faisait tatouer sur le front, le visage ou les bras pour différentes raisons liées à des rites ancestraux.

Le tatouage était soit un moyen pour affirmer un statut social, une appartenance clanique ou tribale, soit, tout simplement, pour se parer“, a-t-elle résumé. Elle a relevé que les mêmes motifs sont utilisés dans plusieurs régions à la fois, la Kabylie, les Aurès et les Hauts-Plateaux, notamment, et retrouvés également sur de la poterie et certains habits et autres tapis de ces régions.

Enfin, l’oratrice a expliqué, selon son propre constat, que „Lewcham ne s’arrêtait pas à une symbolique abstraite et géométrique, mais comportait un langage secret lié intimement à la féminité“.

Pour sa part, le responsable de la galerie d’art, le plasticien Farid Benyaa, dont le tatouage est fortement présents dans les portraits de femmes qu’il peint, a estimé qu’il était nécessaire de faire découvrir au large public la signification du tatouage traditionnel car il s’agit aujourd’hui, selon lui, d’un patrimoine à protéger de l’oubli.

„Comprendre les motifs que les femmes algériennes se faisaient tatouer, à une certaine époque, sur le visage et autres parties du corps, élargit mon champ créatif et me permet de m’approfondir dans la manière par laquelle je dessinerai les tatouages dans mes portraits de femmes“, a-t-il dit.

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