Hommage au Carré

27 Mai 2009
El Watan
« Hommage au Carré »
Galerie Farid Benyaa

Par Nacima Chabani

C’est parce que la forme géométrique du carré l’a toujours interpellé en
tant qu’architecte, que l’artiste peintre Farid Benyaa lui consacre une imposante exposition qui se tient jusqu’au 30 juin dans sa propre galerie portant son nom.

Ouverte depuis 2000, la galerie est un espace dont les moindres recoins ont été étudiés par l’architecte Farid Benyaa. La particularité de ce lieu est de regrouper uniquement les œuvres du propriétaire : une politique qui lui permet de se concentrer uniquement sur ses créations.

Intitulée « Hommage au carré », la dernière exposition de Farid Benyaa est le fruit d’un travail récent. Plus de 19 œuvres oscillant entre dimensions diverses se laissent voir avec un intérêt certain. Le carré, à différente échelle, est omniprésent sur l’ensemble des surfaces. Au détour d’une œuvre, on s’aperçoit que le carré fait partie intégrante de notre quotidien. Pour l’artiste, le carré demeure un symbole de rationalité, de haute précision et d’une grande rigueur architectonique. Le carré apporte à l’artiste une inspiration. Certes, le carré est une forme, mais pour le plasticien, c’est aussi une surface qui peut être rythmée par la couleur. Un hommage est rendu à deux plasticiens, en l’occurrence à Kasimir Malevitch et à Josef Albers. Le premier artiste a organisé, en 1913, une exposition sur le carré noir sur fond blanc qui a suscité un bouleversement dans les arts visuels. Sa première œuvre non figurative n’était autre que le résultat d’une revendication contre l’académisme et l’art figuratif de l’époque. Le second plasticien a réalisé, en 1953, une série « Hommage au carré » dont il a étudié les interactions des couleurs sur le carré en créant l’illusion de la profondeur.

Farid Benyaa a le souci du détail, de la précision et de la mise en scène. Son défi est de valoriser l’interférence qui existe entre les œuvres elles-mêmes, le mobilier, les objets et la lumière. La plupart de ses tableaux sont parsemés de carrés avec en filigrane un croisement entre le patrimoine national, l’universalité et l’abstraction.
En outre, la femme algérienne occupe une place de choix chez l’artiste. C’est un vecteur qui lui permet de parler de la société dans laquelle il évolue. Il la représente, dit-il, parce qu’elle symbolise l’esthétique dans le domaine des arts. « Je dessine les visages dont le regard reflète l’âme. L’humain m’intéresse. Au fond, je suis à la quête permanente de moi-même », explique-t-il. Dans « Traversée du désert II », il y a comme cette volonté de plasticité de faire sortir le personnage principal, à savoir un Targui, des murs pour aller à la découverte d’un autre univers. Les sculptures font également partie de ses œuvres. En effet, Farid s’inscrit dans une dualité : celle de créer une atmosphère sereine à travers l’accompagnement de ses œuvres par des sculptures aériennes. Ces dernières contribuent à une lecture de globalité.

La mise en scène chez l’artiste est primordiale. L’objectif n’est pas de juxtaposer des œuvres mais de créer un dialogue. « Je réclame au visiteur une disponibilité de tous les sens pour s’inscrire dans l’instant présent », confie Farid. Si Farid Benyaa a connu trois étapes, le figuratif, le symbolique et l’abstrait, il n’en demeure pas moins qu’aujoud’hui il s’inscrit dans un abstrait minimal, utilisant des couleurs primaires. « L’intérêt que je trouve à l’abstrait, c’est qu’il donne la parole à l’inconscient ». La technique de l’artiste mixte est ardue, demandant du temps et de la patience. C’est un travail qui correspond à son tempérament. Il utilise le rapido encre de chine, la peinture aux marqueurs, la peinture « déco » et les aérosols, ajoutés à cela des matériaux divers dont entre autres le métal, le bois, le verre.

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