Harmonie esthétique…

 17 Décembre 2015
TSA Algérie
« La galerie Farid Benyaa par Rachid Boudjedra »

Le quartier des Sources à Bir Mourad Rais n’est pas censé receler des trésors artistiques, et pourtant au détour d’une rue quelque peu maussade, on découvre une galerie d’art dont la configuration et la forme architecturale attirent l’attention. Une attention discrète qui débouche sur un lieu « habité » : une véritable galerie d’art dont l’intérieur exhibe une harmonie esthétique dominée par l’art moderne et l’esthétique d’un design maîtrisé.

Très belle galerie donc qui se déroule sur plusieurs volumes faits de faux-bas-étages et qui donne, en fin de compte une circularité qui tourne sur elle-même. Avec un ameublement très moderne et confortable, l’ensemble démontre un goût de l’architecture et une passion des formes. Sur les larges murs blancs s’étalent des toiles de différentes dimensions, dont certaines très grandes, qui se déploient et déploient l’espace avec un bonheur et une réussite étonnants.

Les toiles de Farid Benyaa, car il s’agit d’un auto-galeriste (genre inexistant en Algérie) représentent des peintures qui sont une synthèse audacieuse entre l’art traditionnel du portrait quasi folklorique représenté par des mises en place d’hommes et de femmes habillées et « décorés » par les vêtements traditionnels et les bijoux anciens de toutes les régions algériennes. Les Ouled Naïl, les Targuis, les Chaouis, les Kabyles et autres traditions vestimentaires mozabites, ou algéroises, etc.

Des visages de ces portraits jaillit une lumière subtile et sublimée qui déborde avec force le cadre même de la toile. Mieux encore, Farid Benyaa fragmente et lézarde ses portraits par des graphismes très abstraits à l’encre de Chine qui vient contraster avec la matière de la peinture. L’ensemble si contradictoire donne quand même un sentiment de complémentarité harmonieuse.

Cette belle galerie joue aussi le rôle de lieu de rencontre pour les écrivains, les poètes qui viennent déclamer ou lire leur texte devant un public d’habitués qui détonne dans le climat délétère dans lequel vivent les artistes algériens, d’une façon générale.

La galerie Benyaa est une oasis d’art, d’élégance et de bon goût. Et l’on s’étonne, alors, que la presse et les médias nationaux ne donnent pas plus d’importance à ces lieux « habités » par le beau et le sublime.

Rachid Boudjedra

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