Farid Benyaa ou la quête originelle

Mars 2002
El Watan
« Farid Benyaa ou la quête originelle »

Après sa dernière exposition en Juin dernier, l’artiste peintre Farid Benyaa convie le public connaisseur, jusqu’au mois de Mai prochain, à découvrir ses dernières créations signées sous le thème «Humus Originel».

Architecte de formation, Farid Benyaa a, une fois de plus, fait montre de ses capacités artistiques. Avec le thème choisit «Humus originel», l’artiste n’a pas fait dans la facilité. En effet à travers les 19 tableaux accrochés aux cimaises, l’œil est happé par la précision du détail, la prolifération des formes et la redondance des couleurs. Pour l’artiste, cette exposition apporte quelque chose de nouveau, dans le sens où il a utilisé des éléments qui se veulent avant tout design fait de métal, de verre, de bois, de peinture, de marqueur et d’aérosol.

«L’objectif étant de créer un lien direct entre l’art contemporain et le patrimoine traditionnel algérien d’où le titre de mon exposition. C’est plus exactement asseoir deux notions essentielles à travers des supports design avec des thèmes qui font référence à notre histoire».

Toutes les œuvres peintes racontent une histoire précise. Au hasard des intitulés dans, R’bab, Kamendja, Farid Benyaa essaye de parler des grandes écoles de musique algériennes. Il n’a pas omis de relever la manière dont les artistes algériens tiennent leur instrument de musique (le violon) sur les jambes.

Dans Point noir, réalisé à l’encre de chine, la condition féminine réprimée et mise en exergue et ce, sous la forme de trois tableaux de différentes dimensions. En fait une lecture médiane se laisse lire comme une interprétation libre. Une problématique est posée pour la femme, celle de se taire ou de dénoncer son agresseur. Elle est pour ainsi dire meurtrie à vie. C’est un dilemme auquel est confrontée la femme algérienne. La couleur noir utilisée a permis d’aller vers l’essentiel, vers la souffrance et la déchirure.

Un autre tableau mérite une attention particulière, c’est celui portant le nom de Amenokal, le chef des tribus Targuies dans le Hoggar. Un homme est assis sur son séant contemplant la beauté de sa région, paré de beaux bijoux et d’une belle tenue en chèche, ce Targui raconte à lui seul toute la magnificence du Grand Sud.

«Je pars du principe que l’art est universel par définition, et en fait, Amenokal, je le rattache à son humus originel, lui conférant une dimension particulière». Etreinte est une gigantesque œuvre baignant dans le cosmos. Une comète rouge est agressée par une affinité d’autres astres. Dans cet univers cosmique se dégage une étreinte entre le rouge et le noir, entre la passion et la mort, des éléments qui font partie de la vie, comme le dit si bien le plasticien
«une œuvre n’a de valeur que par la force de persuasion où la dynamique est une notion importante».

Après le vernissage de cette exposition qui a eu lieu Jeudi dernier dans sa propre galerie, Farid Benyaa affirme que, «comme tout artiste, dès qu’on termine une exposition, on pense déjà à la prochaine, entre une exposition et une autre, avoue-t-il, il y a toujours une œuvre qui annonce la prochaine exposition». Il a le sentiment de celle ci est un prélude à la prochaine. Un rendez vous fixé pour la journée internationale de l’enfance.

Nassima Chabani

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