Artissimo – Rencontre avec Farid Benyaa

 Avril 2016
Le jeune indépendant
Interview
Propos recueillis par Djamel BOUDA

Farid Benyaa se définit comme un artiste éclectique. Un mélange d’architecte, de graphiste, de sculpteur, de créateur de mobiliers et d’objets d’art, de galeriste, d’artiste peintre …. Né en 1953 à Sidi -Aich (Bejaia), Farid Benyaa est diplômé de l’Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme d’Alger (Epau). En 2000, il crée sa propre galerie d’art baptisée de son nom. Ses œuvres figurent dans de nombreuses œuvres publiques et privées, aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Le 8 mars dernier, l’artiste plasticien étrennait sa nouvelle collection de portraits de femmes ainsi qu’un livre d’art retraçant ses 30 ans de carrière. Rencontre.

Artissimo : Votre nouvelle collection intitulée ‘Suggestion’ est une ode aux femmes. Elle cristallise plus de couleurs, tend vers l’abstrait et inclut de nouveaux supports.

Farid Benyaa : ‘Vibration’ ma précédente exposition, contenait une prédominance de noir et blanc avec quelques touches de rouges. ‘Suggestion’, contraste avec mes précédentes œuvres. Elle affiche une explosion de couleurs avec de l’abstraction. Les visages sont suggérés. On aperçoit parfois une main, ou un œil surgissant du néant et enveloppés de cette forme d’abstraction. J’ai d’ailleurs fait mienne la citation de M’hamed Issiakhem « Si ce n’est mes visages, ma peinture est abstraite ». Pour cette collection, j’ai utilisé de nouvelles techniques : du bois noble ‘high gloss’ qui a un aspect brillant. J’ai abandonné la toile et le sous- verre et mis des installations derrière mes œuvres afin de leur donner une meilleure interprétation.

Artissimo : Chacune œuvre est accompagnée du texte d’un écrivain ou d’un artiste. Pourquoi ?

F B : J’aime l’idée de créer des passerelles avec toutes les autres formes d’art : littérature, musique, théâtre, cinéma. J’ai donc accompagné ma collection de portraits de citations d’auteurs, poètes, dramaturges comme Assia Djebbar, Malika Mokeddem, M’hamed Issiakhem, Jean Amrouche, Ahmed Bedjaoui, Albert Camus, Amin Zaoui, Nourredine Saoudi, Djamel Amrani, Jean Sénac, Boualem Sansal, Khalil Gebran, Malek Alloula, Ahmed Bedjaoui…

Artissimo : Vous venez de publier un livre d’art intitulé « Algériennes. Source du futur ». Une sorte de compilation de vos œuvres.

F B : Cet ouvrage regroupe les portraits de femmes réalisés depuis une trentaine d’années. On remarque qu’au fil du temps, le côté abstrait a commencé à occuper une place grandissante dans mon travail. J’aime beaucoup cette forme d’expression. Elle correspond à mon intériorité.

Artissimo : Vous avez exploré une pléthore de thématiques comme le grand sud algérien, la Casbah d’Alger, les paysages et monuments d’Algérie, la fantasia…Toutefois la femme reste votre sujet de prédilection. Pourquoi ?

F B : A mes yeux la femme symbolise l’émotion, l’esthétique, la séduction, le charme. Mais pas seulement. Elle incarne aussi toutes nos valeurs ancestrales et contemporaines. La femme a été victime des sociétés en crise mais c’est la première actrice des reconstructions des pays.

Artissimo : Quels sont les peintres qui ont influencé votre travail ?

F B : J’ai beaucoup d’admiration pour Miro, le peintre des étoiles. Mohamed khadda a nourri mon inspiration avec sa notion de trame. J’ai puisé ma source de ‘vibration’, ma précédente collection chez Jackson Pollock et je suis admiratif des œuvres de Kandinsky.

Artissimo : Quelle technique utilisez-vous dans votre travail ?

F B : La technique mixte : encre de chine, acrylique, aquarelle, marqueur, aérosol.

Artissimo : Votre galerie d’art n’abrite que vos œuvres. Êtes-vous égocentrique ?

F B : (Rires). Non. J’ai fais ce choix pour m’imposer une certaine rigueur. M’occuper de suivre le travail d’autres artistes aurait grignoté mon temps. Je ne veux pas perdre ma vocation de créateur. En revanche, j’ouvre régulièrement mon espace à la poésie, la littérature, la musique, le théâtre et le cinéma.

Artissimo: A quel âge avez-vous commencé à taquiner l’art ?

F B : Vers 6 ans je dessinais déjà. A l’adolescence j’ai réalisé une galerie de portraits de mes idoles : Charles Bronson, Johnny Halliday, Julien Clerc, Brigitte Bardot. Au début je dessinais au crayon puis mon métier d’architecte m’a fait découvrir l’encre de Chine.

Artissimo: Qu’est-ce que vous inspire Artissimo ?

F B : Cet établissement est dans un continuel bouillonnement culturel. Il est dans une créativité permanente. Une école qui s’inscrit dans le renouveau et qui est sur la bonne voie depuis de nombreuses années. Je souhaite longue vie à Artissimo.

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