Un mixage artistique originel

Novembre 2002
La Dépêche de Kabylie
« Un mixage artistique originel »

Né à Sidi Aïch, à cinquante kilomètres de Bejaia, au cœur de la basse Kabylie, Benyaa s’inspire depuis son jeune âge de l’art qui fait, aujourd’hui, son identité.

Visage expressif. Des yeux aux traits convaincants pour un regard opiniâtre qui est la promesse d’une vaste culture. Geste posé d’un artiste intarissable lorsqu’il s’agit de raconter sa carrière artistique.
On reconnaît Farid Benyaa par les touches particulières qu’il exprime dans les toiles accrochées sur le mur de sa galerie. Ces toiles sont accompagnées de magnifiques objets architecturaux – artistiques, disposés sur le sol. Une bougie plantée dans un pot et l’un de ces objets qui donne un magnifique rayonnement et qui offre une superbe vue à la galerie, ce qui fait sa particularité.
Farid Benyaa s’intéresse depuis son jeune age au monde de la création et de la recherche, de la bricole à la menuiserie et de l’architecture à la peinture. Sa vie d’artiste ne s’est pas faite uniquement par l’effort et le temps consacré à sa passion mais par une spontanéité née en lui, dés que la motivation l’eut guidé vers l’univers artistique.

Effectivement Benyaa ne s’est jamais éloigné de son domaine. En 1974, il rejoint l’école polytechnique d’architecture et d’urbanisme (EPAU). En 1979, il obtient son diplôme et suit de longues études supérieures. Une année plus tard, il sa consacre pendant trois longues années à la restauration de la Casbah d’Alger avec une équipe de l’UNESCO.

Apres avoir réalisé des projets en architecture, l’artiste inaugure sa propre galerie où il expose des œuvres à thème dans le domaine de l’architecture. Pendant ses travaux réalisés à la Casbah d’Alger en collaboration avec le groupe de l’Unesco, Farid Benyaa charmé et séduit par le fascinant décor, s’intéresse à un autre art camarade et complice, celui de l’architecture. Depuis, l’artiste travaille sur une méthode de mixage. Cette idée s’est parfaitement réalisée par l’utilisation de techniques mixtes qui englobent le domaine de la peinture artistique et l’architecture dans un seul et nouvel art. Cette nouvelle méthode se fait par l’utilisation du graphisme à l’encre de chine et la peinture au marqueur.

En 2000, il inaugure en tant que peintre sa galerie d’art à Bir Mourad Rais où sont présentées de belles œuvres de thèmes différents. Celui de la Casbah d’Alger, une oeuvre travaillée à l’encre de chine et encadrée sous verre. Une formule classique académique. Une gamme de tableaux regroupe des peintures abstraites, celles-ci laissent le spectateur se livrer à sa propre imagination et à sa propre interprétation au sujet, afin de donner un sens aux œuvres décorées en noir et blanc.

Un autre thème qui représente des images figuratives comme celui de l’enfant, l’artisan et le cordonnier, ces œuvres sont réalisées avec une architecture en toile de fond, travaillées avec goût et recherche. Un autre thème décoratif de couleur arc-en-ciel, l’artiste utilise une technique métisse dans son métier d’architecte et celui de peintre où Benyaa se trouve un peu spectateur et artiste en même temps.
Le rituel des trois thés, nous révèle les secrets d’une tradition sacrée chez les Touaregs. Ces derniers attribuent à chacun des thés une symbolique. « Le premier est fort comme la vie, le deuxième est doux comme l’amour et le troisième est suave comme la mort ».
D’autres œuvres sont consacrées à la femme algérienne, elles représentent les différentes régions d’Algérie.

Voici l’Algéroise, qui porte le Hayek mrama avec le décor de la Casbah en toile de fond. La mariée de Tlemcen chargée de perles et de bijoux représentant une véritable fortune. La femme Kabyle avec sa djebba aux couleurs chatoyantes avec des bijoux en argent et en corail. Voilà la Chaouia, une femme sophistiquée avec des bijoux citadins, mais qui parait très naturelle, sauvage, belle de son intérieur.

Un thème du Sud, l’eau dans le désert qui est primordial où la menace de la soif est permanente. Dans cette œuvre l’artiste introduit un personnage dans le ciel pour symboliser un peu ce don du ciel qui est l’eau et qui semble gérer cet espace. Ici le Targui est entrain de remplir sa gourde traditionnelle (Guerba).
Plusieurs autres thèmes consacrés au patrimoine et aux traditions Algérienne sont également exposés dans la galerie d’art de ce grand artiste.

Ce nouveau mixage artistique fait de Benyaa un artiste d’exception avec une méthode qui est peu utilisée par ses confrères.

Fazila Boulehbal

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