Avril 2009
Revue DZeriet
Rencontre avec Farid BENYAA, peintre
Propos recueillis par Nesrine SELLAL
Ses œuvres sont autant d’hommages à la grâce de la femme qu’à la culture algérienne.
A la veille de sa dernière exposition, l ’artiste nous livre quelques indiscrétions.
Architecte de formation, vous vous êtes tourné au milieu des années 80 vers la peinture. Comment s’est faite cette transition ?
Le dessin m’a mené à l’architecture et celle-ci m’a fait découvrir l’encre de chine. En 1990, j’ai ouvert un cabinet d’architecture mais cependant la décennie noire, l’architecture se portait mal et je me suis tourné vers le côté purement plastique que je n’avais jamais abandonné. Puis je me suis consacré à une seule chose pour bien la faire. En 2000 j’ai ouvert mon espace galerie et mis les deux pieds dans le plat.
Votre première composition avait comme thème la Casbah d’Alger pour laquelle vous avez participé à un travail de reconstruction. Une façon pour vous d’offrir un instantané de la beauté de ce lieu, aujourd’hui en perdition ?
La Casbah m’a tout de suite accaparé, pour ce qu’elle représente de stabilité pour moi qui suis proche de la pierre. Elle est restée debout devant la vicissitude du temps et j’y ai trouvé beaucoup d’esthétisme. La représenter était très important. Mais il y a aussi un lien conscient ou inconscient entre la Casbah et la femme, d’ailleurs ma première œuvre, « Portrait de femme », était une femme de la Casbah avec le voile.
Justement, l’image de la femme est récurrente et ses traits très gracieux dans vos œuvres …
Il ya d’abord l’outil que j’utilise, l’encre de chine, qui a l’avantage de rendre un travail qui se veut délicat et qui correspond à la délicatesse des traits de la femme. On associe la tradition à ce qui es vieux, ce qui me distingue peut-être est ma volonté consciente de représenter la femme algérienne à travers sa jeunesse, son esthétique, ses coutumes. En plus du costume, des bijoux, j’ai découvert un certain nombre de légendes et de traditions, à la suite d’un véritable travail de recherches documentaires de façon à faire découvrir notre patrimoine à travers le thème de la femme.
Vous rendez aussi hommage à plusieurs villes algériennes à travers des portraits. Le visage, plus emblématique que l’architecture pour une région ?
D’habitude, on représente une région à travers son architecture, ses bijoux, ses caractéristiques agricoles. C’est vrai que la femme, selon moi, a été le moyen de parler de la diversité culturelle très riche de notre pays. En fait, chaque portrait de femme correspond à une région. Dans ma recherche permanente d’esthétique, l’humain, le regard, et en particulier la femme, sont les symboles même de ce qui est vivant, et il est important de représenter ce qui nous parle, nous interpelle, nous émeut et c’est la femme qui a la capacité de transmettre tout ça.
Vous travaillez actuellement sur une prochaine exposition prévue pour le 07 mai, pouvez-vous nous en dire davantage ?
Le titre de ma prochaine exposition sera « Hommage au carré ». Je me suis rendu compte que le carré est une forme géométrique parfaite, symbole du rationnel et de la rigueur architectonique qui fait partie de moi-même.